Meisam Amini : l'entraîneur lyonnais qui fait rimer lutte et paix
D'origine iranienne, Meisam Amini, l'entraîneur du club Lyon Saint-Priest Lutte, suit de près la situation dans son pays natal. Cet ancien athlète international dépasse les frontières pour partager ses conseils, mais aussi ses valeurs.
C'est le cœur lourd que Meisam Amini témoigne. À plusieurs centaines de kilomètres de l'Iran, son pays natal, le sportif lyonnais a observé avec angoisse et effroi, il y a une dizaine de jours, l'affrontement entre les forces iraniennes et israéliennes. Si les heurts entre Téhéran et Tel Aviv sont désormais terminés, après douze jours et douze nuits de violences intenses, ce conflit rappelle combien la paix au Moyen-Orient ne tient qu'à un fil.
« C'était prévisible, avec des menaces venant des deux pays », déplore Meisam Amini, entraîneur au Lyon Saint-Priest Lutte depuis plusieurs années. Ses contacts avec ses proches en Iran se poursuivent « de temps en temps », malgré l'instabilité du réseau internet et les coupures régulières.
« Mes amis, mon entourage et ma famille sont inquiets. Ils craignent pour l'avenir et redoutent un nouvel embrasement de la guerre », partage-t-il, avant de prévenir : « La situation en Iran est très spéciale. (...) Tout le monde est un peu perdu en ce moment, et la situation n'est pas encore revenue à la normale ou stabilisée. »
Ancien vice-champion du monde et double champion d'Asie de lutte, l'Iranien de 41 ans envoie un message de paix partout où il le peut. « Les populations des pays concernés souffrent psychologiquement, moralement et économiquement. Ces blessures restent très longtemps dans ces pays », convient-il.
Originaire du nord de Téhéran, plus précisément de la province du Mazandaran, d'où proviennent « 80 % des membres de l'équipe nationale iranienne » de lutte, Meisam Amini a côtoyé des athlètes et des entraîneurs de nationalités ou de cultures très différentes au cours de sa carrière. Une expérience qui l'a profondément forgé.
« Cela a d'ailleurs renforcé ma conviction que le sport, en particulier la lutte, peut être un puissant vecteur de paix et d'unité, capable de transcender les frontières politiques et culturelles. » Depuis son arrivée en France en 2010, ce solide lutteur (1,81 m) a également eu l'occasion de faire montre de son talent sur les tapis, en devenant champion de Rhône-Alpes ou en remportant le tournoi de Clermont-Ferrand.
Mais c'est surtout par l'enseignement que Meisam Amini entend transmettre ses valeurs humaines. Outre son rôle d'entraîneur au sein du club Lyon Saint-Priest, l'Iranien a décidé de franchir les frontières pour développer la lutte sur le continent africain. Un choix concrétisé par un séjour d'une semaine à Abidjan, en Côte d'Ivoire, pour diriger un stage de formation avec les meilleurs lutteurs du pays.
« Ils ont un grand potentiel, mais malheureusement leurs moyens sont limités et ils ont besoin de soutien », regrette l'entraîneur. Lui et son ami Ramzi Jendoubi, président du club Lyon Saint-Priest, ont récemment contacté des organisations humanitaires pour poursuivre cette démarche. Son parcours a également été marqué par l'encadrement d'entraînements de combattants de Mixed Martial Arts (MMA), au sein de la ligue Eric Favre Nation.
Rassembler les lutteurs de Lyon et d'Iran
Pour autant, cet engagement international ne relègue pas la lutte lyonnaise au second plan. Ses objectifs sont clairs : « mettre en place un camp d'entraînement commun à Lyon, regroupant des lutteurs de différents pays » et « organiser des formations entre des lutteurs lyonnais et des lutteurs iraniens de haut niveau », poursuit l'entraîneur ambitieux, qui espère élever le niveau du « fort potentiel » de la lutte en France.
Avec les qualifications pour les Jeux olympiques de Los Angeles 2028 inévitablement en ligne de mire. Avant cela, un « travail technique approfondi et une préparation professionnelle » seront essentiels pour espérer rivaliser avec les meilleurs mondiaux. Et quoi de mieux que d'apprendre aux côtés de lutteurs iraniens, un pays qui décroche systématiquement une médaille aux JO en lutte depuis 1952.
Publié Lyon 07 07 2025